Lu tout à l'heure, un très beau roman graphique
sur lequel j'ai craqué à la librairie hier : "Transat" de Aude
Picault :
Aude, trentenaire célibataire vit à Paris dans le tourbillon du
quotidien. Ce "métro-boulot-dodo" agrémenté de relations qu'elle
trouve de plus en plus superficielles la conduisent à vouloir faire autre chose
de sa vie. Elle a toutefois conscience que changer du tout au tout est risqué
et peut fondamentalement changer, perturber le cours de son existence, et ça,
ça fait peur… Pourtant, elle est consciente, a contrario, qu'elle a de plus en
plus de mal à supporter ce quotidien qui la bouffe, ses relations avec des gens
qui ne pensent qu'à eux et se soucient peu de vous lorsqu'ils vous disent
"et toi alors, comment ça va ?...". Aude craint de s'engluer dans sa
routine et ne comprend plus la perte d'authenticité relationnelle qui
l'environne. C'est ainsi qu'elle attend avec impatience deux périodes de congé
qu'elle a préparées, la première, dix jours seule sur une île bretonne qui lui
permettra de réaliser un projet qui lui tient à cœur mais lui fera ouvrir les
yeux sur le fait qu'il est difficile de vivre sans les autres. La deuxième, une
traversée de l'Atlantique sur un voilier la menant vers les Caraïbes lui
révélera ce qu'est "la vraie vie"…
Extrait :
En mer, il faut être
PRESENT à ce qu'on fait. Chaque geste a sa valeur… Voilà, eh bien moi, avant
de partir, j'étais dans l'état inverse, où chaque geste me semblait vide de
sens. Tu sais, cette angoisse qui te prend, pollue ton regard rendant tout
négatif et vain. La peur de se figer dans une vie trop étroite. Parce qu'à 20
ans le monde s'ouvre à toi… et à 30 tu prends conscience que réaliser l'être
formidable qui se cache en toi est plus compliqué que prévu. Alors on s'arrange
avec le réel en essayant de ne pas trop se résigner, en jonglant de façon plus
ou moins honnête avec soi-même. Et finalement, on fait nos choix en fonction de
ce que propose notre environnement, du contexte, de notre degré de conscience,
des rencontres que l'on fait, de celles que l'on rate… Chaque choix dérive
d'une multitude de non-choix. En fait, l'angoisse que je décrivais tout à
l'heure, est celle de rater sa vie. Si je trouve mon quotidien vide de sens,
alors je ne le "vis" pas, je passe à côté. Donc je rate ma vie. - On
ne peut pas rater sa vie… - Mais comment ça ?! - Tu ne peux pas
"rater" ni "réussir" ta vie, tu ne peux que la VIVRE…
Cette
histoire m'a beaucoup touchée et toucherait j'en suis sûre beaucoup d'entre
vous qui vous questionnez, comme moi parfois, sur l'intérêt de son quotidien et
de sa routine, sur le fait de "rêver une autre vie" sur
l'interrogation que l'on a parfois du bien-fondé de ce que l'on fait, de ce
pour quoi on se lève chaque matin.... A méditer...
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