vendredi 14 novembre 2014

Transat - Aude Picault

Dimanche 2 septembre 2012




Lu tout à l'heure, un très beau roman graphique sur lequel j'ai craqué à la librairie hier : "Transat" de Aude Picault : 

Aude, trentenaire célibataire vit à Paris dans le tourbillon du quotidien. Ce "métro-boulot-dodo" agrémenté de relations qu'elle trouve de plus en plus superficielles la conduisent à vouloir faire autre chose de sa vie. Elle a toutefois conscience que changer du tout au tout est risqué et peut fondamentalement changer, perturber le cours de son existence, et ça, ça fait peur… Pourtant, elle est consciente, a contrario, qu'elle a de plus en plus de mal à supporter ce quotidien qui la bouffe, ses relations avec des gens qui ne pensent qu'à eux et se soucient peu de vous lorsqu'ils vous disent "et toi alors, comment ça va ?...". Aude craint de s'engluer dans sa routine et ne comprend plus la perte d'authenticité relationnelle qui l'environne. C'est ainsi qu'elle attend avec impatience deux périodes de congé qu'elle a préparées, la première, dix jours seule sur une île bretonne qui lui permettra de réaliser un projet qui lui tient à cœur mais lui fera ouvrir les yeux sur le fait qu'il est difficile de vivre sans les autres. La deuxième, une traversée de l'Atlantique sur un voilier la menant vers les Caraïbes lui révélera ce qu'est "la vraie vie"… 

Extrait : 
En mer, il faut être PRESENT à ce qu'on fait. Chaque geste a sa valeur… Voilà, eh bien moi, avant de partir, j'étais dans l'état inverse, où chaque geste me semblait vide de sens. Tu sais, cette angoisse qui te prend, pollue ton regard rendant tout négatif et vain. La peur de se figer dans une vie trop étroite. Parce qu'à 20 ans le monde s'ouvre à toi… et à 30 tu prends conscience que réaliser l'être formidable qui se cache en toi est plus compliqué que prévu. Alors on s'arrange avec le réel en essayant de ne pas trop se résigner, en jonglant de façon plus ou moins honnête avec soi-même. Et finalement, on fait nos choix en fonction de ce que propose notre environnement, du contexte, de notre degré de conscience, des rencontres que l'on fait, de celles que l'on rate… Chaque choix dérive d'une multitude de non-choix. En fait, l'angoisse que je décrivais tout à l'heure, est celle de rater sa vie. Si je trouve mon quotidien vide de sens, alors je ne le "vis" pas, je passe à côté. Donc je rate ma vie. - On ne peut pas rater sa vie… - Mais comment ça ?! - Tu ne peux pas "rater" ni "réussir" ta vie, tu ne peux que la VIVRE… 

Cette histoire m'a beaucoup touchée et toucherait j'en suis sûre beaucoup d'entre vous qui vous questionnez, comme moi parfois, sur l'intérêt de son quotidien et de sa routine, sur le fait de "rêver une autre vie" sur l'interrogation que l'on a parfois du bien-fondé de ce que l'on fait, de ce pour quoi on se lève chaque matin.... A méditer...

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