jeudi 13 novembre 2014

La mauvaise conscience - Suzanne Allen

Mercredi 7 décembre 2011



Il n'en subsistait aucun exemplaire dans la famille... Cela faisait un bon moment que la perspective d'acquérir ce livre me tarabustait... J'ai eu du mal à le trouver, mais je l'ai trouvé : une version originale de 1955 avec à l'intérieur, un petit mot de l'auteur à son éditrice...

Mais commençons par le commencement...

J'avais une tante (soeur de papa) qui était écrivain. Elle écrivait des romans, des essais, des poêmes, des oeuvres philosophiques et était publiée chez Gallimard. Elle est décédée en 2001. Je l'ai très peu connue. Pourtant, le si peu que je l'ai vue, c'était chez mes parents qui l'avaient accueillie lors d'un court séjour pour la triste circonstance du décès de ma grand-mère... Je devais avoir 12-13 ans... Cette visite chez nous est le seul souvenir que j'ai d'elle, mais je m'en souviens très bien. Je garde le souvenir d'une femme élégante, extrêmement cultivée, posée et en même temps un peu excentrique. Avant de partir, elle m'a offert un livre, "Le loup des mers" de Jack London. Pour moi, recevoir un livre d'elle était le plus beau des cadeaux, il ne s'agissait pas d'une de ses publications mais j'ai compris plus tard pourquoi ses écrits n'étaient pas accessibles à une pré-adolescente ! Après ce séjour, je ne l'ai plus jamais revue, et aujourd'hui, avec le recul, je le regrette... Je regrette également de ne pas avoir correspondu avec elle, gardé un contact ne serait-ce qu'épistolaire. J'aurais aujourd'hui tant de choses à lui demander, tant de questions à lui poser, j'aurais tant aimé en savoir plus sur elle, car j'ai l'impression que je tiens beaucoup de choses d'elles. Mais voilà, cela n'a pu se faire, et l'on ne peut pas revenir en arrière, la vie est ainsi faite de regrets, de choses auxquelles on ne prête pas forcément intérêt à un moment donné et qui, en mûrissant prennent toute leur importance...

Suzanne a vécu son enfance en province et a fuit assez tôt le domicile parental pour s'installer à la capitale. A priori, elle avait des idées très tranchées et était en avance sur son temps dans sa façon de penser, d'envisager et de vivre les choses, et à l'époque, cela était très mal vu. Elle est donc devenue écrivain, a été remarquée par Queneau et Paulhan et donc publiée chez Gallimard. Elle a également été membre du groupe surréaliste révolutionnaire dont faisait entre autres partie Aimé Césaire. Elle avait également des affinités avec les écrivains de l'Oulipo (Queneau donc) et les artistes de l'Oupeinpo (Ouvroir de Peinture Potentielle) dont elle était elle-même membre. Elle a d'ailleurs partagé sa vie avec un artiste peintre, ils habitaient tous deux un loft à Paris au centre duquel poussait soit-disant un arbre ! Ils ont mené une vie de bohême, d'artiste... Peu connue, ses livres ne se vendaient pas comme des petits pains, et pour boucler les fins de mois, elle était critique littéraire dans divers journaux et magazines. Elle a eu une fille, Aude, qui est donc ma cousine, que je n'ai jamais connue et dont j'ignore tout...

Voilà tout ce que je sais d'elle... pour l'instant. Depuis quelques temps, j'ai envie de découvrir son oeuvre. Maman à qui j'avais posé quelques questions, tout d'abord pour savoir s'il y avait encore quelque part dans la famille des exemplaires de ses livres (elle n'est plus éditée actuellement), m'avait indiqué que ses écrits étaient plutôt bizarres, libertaires. En faisant des recherches, j'apprends que son premier roman, "La mauvaise conscience", publié en 1955, est en fait plus ou moins une autobiographie dans laquelle elle trace un portrait au vitriol de son père. J'ai eu du mal à la trouver, mais je l'ai trouvée : une édition originale d'époque.

Maintenant, il faut que je trouve le "courage" de me lancer dans sa lecture. J'en ai envie bien sûr, mais j'ai un peu peur de découvrir des secrets de famille, des choses que je ne devrais peut-être pas savoir, au risque d'en être perturbée... En fin de compte, je sais peu de choses sur ma famille paternelle, je sais que les enfants ont été élevés à la dure, je n'ai jamais connu mon grand-père qui était décédé bien avant ma naissance, quant à ma grand-mère, elle n'était pas très affectueuse, pas très causante, c'était même une femme dure. J'étais encore adolescente quand elle est décédée... Et en même temps, comme je le disais plus haut, je sens en moi des traits de caractère de Suzanne, il y a des "choses" difficilement explicables, que l'on sent en soit, comme ça, sans savoir d'où ça vient, sans savoir pourquoi, et je me dis que la clé est peut-être là... alors je veux en savoir plus, je veux comprendre.

4 commentaires:

  1. J'ai ce livre que j'ai lu il y a très longtemps sans doute dans les années 1970. Je l'ai lu d'un trait et je ne peux oublier ce livre. Puisque vous êtes de sa famille faut absolument le lire, bien que je l'avoue faut avoir le "courage" de se lancer dans sa lecture.

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  2. Il fut un temps où j'avais tous ses livres. Faute de place, je n'ai gardé que L'espace d'un livre, celui par lequel je l'ai découverte, un soir, en écoutant France culture : il venait de paraître.

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  3. Bonjour Véronique. Je suis la fille de Suzanne Allen, donc votre cousine. Je vous ai envoyé un mail le 25 août 2017 pour que nous fassions connaissance. Depuis, pas de nouvelles. L'avez-vous reçu ?

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    1. Bonjour Aude, et Véronique, je suis actuellement en train de faire des recherches sur les femmes surréalistes restées dans l'oubli. Je travail à la maison Breton, et dans une de ses étagères je tombe sur un ouvrage original de Suzanne "Le pour et le contre" qu'elle dédicace à Breton. Est-ce possible de rentrer en contacte avec vous pour enrichir nos recherches ?

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