Alors que, suite au décès de leurs
grands-parents, elles sont affairées à vider la maison, deux soeurs se
remémorent leurs souvenirs d'enfance. Catherine, la cadette semble profondément
touchée de revenir sur les lieux de leurs vacances d'été, et plus
particulièrement de l'été de ses seize ans.. Lieux qu'elle a ensuite cherché à
éviter absolument... Catherine, la trentaine, devenue libraire, est une
solitaire, déjà ado, elle passait des heures seule dans le grenier avec ses
livres. Angélique sa soeur aînée, mère de famille est plus extravertie et
semble prendre la vie comme elle vient. Ces retrouvailles sont pour elles
l'occasion de se remémorer leurs souvenirs d'adolescence, de se retrouver
elles-mêmes, tout simplement. Pourtant, quelque chose semble profondément
perturber Catherine. Le poids d'un lourd secret qu'elle garde en elle depuis ce
fameux été. Un secret depuis toujours gardé et qu'aujourd'hui elle a envie de confier
à sa soeur. Prenant son courage à deux mains, elle se lance alors dans la
narration de cet été qui va bouleverser sa vie.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui
se lit très facilement. L'écriture narrative (Catherine s'adresse à sa soeur)
est agréable, dynamique et transporte le lecteur dans le passé. Pour peu que,
comme moi, vous ayez vécu, comme les protagonistes, votre adolescence dans les
années 80, les références musicales, vestimentaires et sociales vous parleront
(les mitaines en dentelle à la Madonna, la combinaison rose Naf-Naf, Etienne
Daho et son "Tombé pour la France"...). J'ai cependant été déçue par
le dénouement de l'histoire, par la découverte du secret. Compte tenu de la
manière dont c'était raconté et dont l'auteur nous emmenait petit à petit vers
la chute finale, je m'attendais à découvrir un drame terrible, quelque chose
d'absolument inavouable, et je me suis surprise à me dire "ah, ce n'est
que ça"... Pourtant, il s'agit de quelque chose d'extrêmement important
pour une adolescente et je pense que j'aurais réagit comme Catherine si j'avais
eu à vivre la même histoire, et il y a quand même quelque chose d'assez
terrible qui se passe, mais je ne sais pas, je trouve qu'il y a un décalage
entre l'intensité de l'évolution de la narration et la chute finale. J'ai
également été surprise par la soudaineté de la fin : flop, c'est fini, pas
d'échanges, pas de discussion avec sa soeur à qui elle vient de tout avouer, on
jette les vieux tapis et on ferme la maison !
J'ai relevé ces deux passages que
je trouve beaux :
"... Un lambeau de vie arraché au papier peint monotone
des jours"
"... Mais je ne pouvais rien dire. Je voulais comprendre
ce qui s'était passé et qu'Antoine avait laissé échapper, mais je n'osais rien
demander à cause de tout le reste qui ne manquerait pas de me trahir, dès que
j'aurais fait un pas en-dehors de moi. A la moindre question, tout sortirait
comme pour un défilé absurde dans un poème de Prévert. Un garçon nu dans un
champ, des coquelicots entre les dents, de la brume dans la nuit de la colo,
une canette qu'on décapsule avec les dents, du bruit dans les sapins, des mains
sur moi, des larmes qui brillent sous la lune, une petite douleur, l'immense
peur, le sourire à la lèvre mordue... Tout comme un film en accéléré, la vie en
raccourci".
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