vendredi 29 janvier 2016

Je lis, donc je suis !



Petit jeu consistant à ne répondre aux questions qu'avec des titres de livres lus et chroniqués en 2015.
Il y a un intérêt à avoir une matière de base intéressante ! Ludique et créatif !

Décris-toi : Ces femmes qui écrivent

Comment te sens-tu ? : Beauvoir in love

Décris où tu vis actuellement : Sous les couvertures

Si tu pouvais aller où tu veux, où irais-tu ? : Voyage aux isles

Ton moyen de transport préféré : Quel petit vélo au guidon chromé au fond de la cour

Ton (ta) meilleur ami(e) est : Gatsby

Toi et tes amis, vous êtes : 13 à table

Comment est le temps ? : Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Quel est ton moment préféré de la journée ? : A l'ombre des remparts

Qu'est la vie pour toi ? : D'après une histoire vraie

Ta peur ? : Une trop bruyante solitude

Quel conseil as-tu à donner ? : Saisis ta chance, Bartholomew Neil !

La pensée du jour : Les anges ne meurent jamais

Comment aimerais-tu mourir ? Sur la pointe des pieds

Les conditions actuelles de ton âme : Les belles images

Ton rêve ? : Tous nos jours parfaits


mercredi 27 janvier 2016

Les eaux troubles du mojito et autres belles raisons d'habiter sur terre - Philippe Delerm



Avec Les eaux troubles du mojito... Philippe Delerm nous cueille à nouveau et distille ses petits plaisirs simples et autres petits riens de la vie. Un instant de grâce avec un ami, le plaisir désuet d'un apéro à l'ancienne, l'émotion de voir son petit-fils plongé dans un livre, le charme d'une femme qui relève ses cheveux, le bonheur de savourer seul une matinée d'été... On sent les instants vécus mais ils nous parlent étrangement, comme ceux de La première gorgée de bière, comme si les plaisirs quotidiens étaient universels et intemporels ! A siroter sans modération !


Les eaux troubles du mojito - Philippe Delerm
Seuil -110 pages

dimanche 24 janvier 2016

Soudain, seuls - Isabelle Autissier


Louise et Ludovic forment un jeune couple à la vie tranquille : une bonne situation, des amis sympas, elle se passionne pour l'alpinisme, il aime la voile, bref, ils ont tout pour être heureux... et le sont ! Sauf qu'une petite envie d'évasion et de liberté titille Ludovic qui pense qu'on n'a qu'une (jeune) vie et qu'ils sont dans cette période où tout est encore possible. Quand il lui propose de tout plaquer pour prendre la mer sur un voilier et, pourquoi pas, faire le tour du monde, Louise la raisonnable est tout d'abord hésitante mais finit par céder à la fougue et la soif de vivre de son amoureux. L'aventure est devant eux : Caraïbes et mers du Sud leur offre ce qu'ils étaient partis chercher dans cette folle aventure.
Mais le jour où ils jettent l'ancre entre Patagonie et Cap Horn pour se rendre avec l'annexe sur une petite île déserte, tout va basculer. Pris par un grain et s'apprêtant à quitter l'île pour rejoindre leur voilier, une horrible vision les saisit : le voilier a disparu ! Les voici isolés et sans possibilité de retour sur cette réserve naturelle interdite où seules quelques colonies de manchots et de phoques résident. Leur périple vire au cauchemar quand ils s'aperçoivent qu'ils vont devoir survivre ici seuls, au bout du monde, avec pour tout bagage une pomme, quelques barres de céréales, des crampons, un briquet et des allumettes... Comment vont-ils s'en sortir ? Et d'ailleurs, vont-ils s'en sortir ?

La plume alerte, vive, et sans fioritures d'Isabelle Autissier saisit rapidement le lecteur dans ce huis-clos angoissant où, comme cela est prévisible, l'entraide, la débrouillardise, l'espoir et la solidarité cèdent la place à la tension, l'agacement, le désespoir et l'incompréhension...


Soudain, seuls - Isabelle Autissier
Stock - 249 pages

vendredi 22 janvier 2016

La lettre oubliée - Nina George


Monsieur Perdu est un quinquagénaire taciturne et solitaire depuis que l'amour de sa vie, Manon, l'a quitté sans raison 21 ans plus tôt. Il vivote depuis lors et semble en avoir même perdu son prénom. Ironie du sort, lui qui n'est plus que l'ombre de lui-même exerce la profession de pharmacien littéraire ! Sur sa péniche-librairie, il tente de soigner les bobos du corps et de l'âme de ses clients en leur conseillant les lectures adéquates. 
Sa route croise un jour celle de Catherine qui devient sa voisine. Femme humiliée et abandonnée par son mari qui a tout emporté avec lui, Catherine s'installe dans l'immeuble grâce à la bonté de ses voisins qui lui donnent qui un peu de vaisselle, qui quelques meubles... C'est dans le tiroir d'une table donnée par Monsieur Perdu qu'elle va trouver une lettre, la lettre oubliée. Celle que Manon a adressée à Perdu il y a 21 ans et que par colère il n'a jamais voulu lire, préférant l'enfouir et la cacher à tout jamais dans un tiroir. Retourné par l'émotion, il se décide à l'ouvrir et son contenu va complètement le bouleverser et tout remettre en question. Sous le choc, il se rend sur sa péniche, lève les amarres et se lance à travers canaux vers la Provence, avec un passager inattendu dans un singulier "river-trip" qui le mènera sur les traces du passé, sur les traces de Manon. Perdu finira petit à petit par retrouver son prénom, l'amitié, le goût de vivre et l'amour...

Un roman touchant, profond, bouleversant mais où l'humour tient sa petite place, nous faisant passer du sourire aux larmes. Une belle histoire d'amour sur fond de passion littéraire, une petite aventure virevoltante et pétillante qui m'a fait passer un bon moment.


"Sais-tu que nous sommes tous des enfants des étoiles ? avait demandé Manon tout près de son oreille, pour ne pas rompre le silence de la montagne. Quand les étoiles ont implosé, il y a de cela des milliards d'années, une pluie de fer et d'argent, d'or et de charbon s'est abattue sur la Terre. Aujourd'hui, chacun de nous porte un peu de métal, de poussière d'étoiles. Il se niche dans nos mitochondries. Les mères transmettent le fer, la poussière d'étoiles à leurs enfants. Toi et moi, Jean -qui sait ?- nous portons peut-être la poussière d'une même étoile, et nous nous sommes peut-être reconnus grâce à sa lueur. Nous nous sommes cherchés. Nous sommes des chercheurs d'étoiles. [...] La mort ne veut rien dire, Jean. Nous restons toujours ce que nous avons été l'un pour l'autre."

"Ces étoiles semblaient vraiment respirer, dans un rythme infiniment lent et profond. Elles respiraient et regardaient comme le monde se créait et se délitait. Certaines étoiles avaient déjà vu des dinosaures, des hommes de Néandertal, elles avaient vu surgir des pyramides et avaient assisté à la découverte des Amériques par Christophe Colomb. Pour elles, la Terre n'était qu'une île de plus dans l'univers incommensurable, dans l'immensité des mers, et ses habitants étaient incroyablement... petits."

"Ses yeux d'un bleu sombre lancèrent des éclairs joyeux tandis qu'une petite capsule de graines fertiles explosait dans le terreau secret de l'imagination de Max."


*Lecture commune avec Our PrettyBook's Club*

La lettre oubliée - Nina George
Editions Charleston - 393 pages

jeudi 21 janvier 2016

... Et adieu Edmonde Charles-Roux

Résistante, féministe, femme de lettres, journaliste, avant-gardiste, libre et audacieuse...
Cette Grande Dame que j'admire s'en est allée...

 Que cette photo est belle...


mercredi 20 janvier 2016

La mulâtresse solitude - André Schwarz-Bart


Entre 1760 et 1802, l'histoire de celle qui, née Rosalie, d'une mère arrachée à sa terre africaine et d'un quelconque marin de navire négrier, vécut en Guadeloupe et se fit appeler Solitude. L'histoire vraie d'une mulâtresse différente des autres par la couleur de sa peau et celle de ses yeux et qui rejoignit les noirs révoltés cachés dans les forêts de la Soufrière afin de mener l'assaut face à la menace du rétablissement de l'esclavage.

Un court mais très beau roman sur la véritable histoire de cette esclave dite "fanm doubout", qui luttera jusqu'à la mort (elle sera pendue à 30 ans au lendemain de son accouchement) contre l'esclavage, sur fond de sorcellerie, superstitions, rites et vaudou.

Très belle lecture qui interpelle forcément l'amoureuse des Antilles que je suis. J'aime à me plonger de temps à autre dans ce genre de récit, d'autant plus que les plumes antillaises sont belles, fortes, foisonnantes et ont cette particularité de plonger le lecteur dans ces histoires et croyances caraïbes.

La statue de cette héroïne fut érigée sur la commune des Abymes en 1999 et représente parfaitement l'allégorie de cette fanm doubout :



La mulâtresse solitude - André Scharz-Bart
Points - 155 pages

mardi 19 janvier 2016

Adieu Monsieur Tournier...

"Celui qui lit possède des ailes qui lui permettent de s'enfuir dans des pays merveilleux...
Ne pas lire, c'est ramper sur le sol comme un ver."


Shopping littéraire

Pas de tourisme à Paris sans, bien évidemment, fréquenter quelques librairies !
J'ai flâné et me suis régalée (entre autres...) à l'Ecume des pages et Shakespeare & Co. Je pourrais y rester des heures à fouiner et compulser tous ces livres qui me tendent leurs pages, mais il faut savoir rester raisonnable !

Voici ma petite moisson, dont ce très beau volume à la magnifique couverture, au papier pelure et à la tranche dorée compilant l'intégrale illustrée d'Edgar Allan Poe. Et une visite chez Shakespeare & Co ne pouvait se passer de l'achat d'un James Joyce et des plus beaux sonnets de Shakespeare, le tout in english, of course !


dimanche 17 janvier 2016

Paris est une fête !

24 heures entre Saint-Germain des Prés et Quartier latin...







Le célèbre café de Flore doit son nom à une sculpture de la déesse mythologique du printemps, Flore, située de l'autre côté du boulevard. Créé en 1887, il devient rapidement au fil du temps, le lieu de rencontre des écrivains (Maurras, Apollinaire, Breton, Aragon...). Mais c'est dans les années 30 qu'il devient le lieu de rassemblement du tout-Paris littéraire et artistique (Queneau, Desnos, Giacometti, Picasso...). L'âge d'or du café est marqué par la présence quotidienne de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui y ont quasiment élu domicile car, disaient-ils, pour le prix d'un café, on peut s'y réchauffer !
« Nous nous y installâmes complètement : de neuf heures du matin à midi, nous y travaillions, nous allions déjeuner, à deux heures nous y revenions et nous causions alors avec des amis que nous rencontrions jusqu'à huit heures. Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous. »
— Jean-Paul Sartre






Le nom du café « Les Deux Magots » (c'est-à-dire « les deux figurines chinoises ») provient de l’enseigne d’un magasin de nouveautés qui occupait autrefois le même emplacement. Fondé en 1812 au 23 de la rue de Buci, il est transféré place St-Germain-des-Prés en 1873 pour s’agrandir. Les deux statues qui ornent la salle aujourd’hui témoignent encore de cette époque.

Fréquenté par de nombreux artistes illustres parmi lesquels Elsa Triolet, Louis Aragon, André Gide, Jean Giraudoux, Picasso, Fernand Léger, Prévert, Hemingway…, il accueille les surréalistes sous l'égide d'André Breton et les existentialistes autour de Sartre et Beauvoir.





Paris a fait d'Hemingway un écrivain. Ses années parisiennes sont le récit d’un apprentissage qu’il va idéaliser dans Paris est une fête (The Moveable feast) à la fin des années 1950, d’une façon telle que chacun de nous peut se reconnaître dans ce jeune homme d’une vingtaine d’années à peine qui débarque à Paris pour devenir célèbre. Il côtoie à Paris les écrivains les plus célèbres de sa génération : Joyce, Fitzgerald, et tous les écrivains de la Lost generation.


 






Shakespeare & Co fut considérée pendant l'entre-deux guerres comme le centre de la culture anglo-américaine à Paris. Elle fut largement fréquentée par les écrivains de la "Lost generation" : Ernest Hemingway, Ezra Pound, F. Scott Fitzgerald, Gertrude Stein, James Joyce... Le fonds de la librairie reflétait les goûts littéraire de Sylvia Beach, la fille du fondateur. La librairie et ses célèbres habitués sont fréquemment mentionnés dans Paris est une fête d'Hemingway. Les clients pouvaient à l'époque y acquérir les livres interdits en Angleterre ou aux Etats-Unis tels que L'amant de lady Chatterley.
C'est Sylvia Beach qui publia en 1922 la première édition d'Ulysse de James Joyce, roman qui fut par la suite interdit outre-Manche et outre-Atlantique. Par la suite, Shakespeare & Co publia plusieurs autres éditions du roman.

L'ambiance de cette librairie, sise dans un immeuble du XVIème siècle est délicieusement surannée, offrant ici l'alcôve d'un écrivain sorti du passé, là un coin lecture où les banquettes vous appellent à vous poser avec un bon roman, un thé fumant et quelques scones !

Particularité étonnante de cette librairie, une chambre est disponible pour qui souhaite y poser ses bagages en échange d'un coup de main à la librairie. L'occasion de mûrir un roman, d'écrire quelques pages ou simplement de profiter de l'incroyable authenticité du lieu... D'où sa devise : "Be not inhospitable to strangers, lest they be angels in disguise" ("Ne soyez pas inhospitalier avec les étrangers, ils pourraient bien être des anges déguisés").

Pas d'images de l'intérieur car les photographies y sont interdites et j'ai respecté ce choix... Mais comme j'aimerais pouvoir vous restituer ici ce que mes yeux ont vu !


La Sorbonne


La maison de Serge Gainsbourg





Les jardins du Luxembourg

Le Panthéon





 Et mon petit clin d'oeil de malouine :




mercredi 13 janvier 2016

Prix des lecteurs Gallimard

C'était le 11 janvier 2016. Une petite poignée de lecteurs privilégiés avait eu la chance de pouvoir assister à la remise du Prix des lecteurs Gallimard et j'en faisais partie ! Pour être sélectionné, il fallait expliquer en quelques 300 caractères en quoi tel ou tel roman était le meilleur roman Gallimard de l'année. 

Parmi une sélection de 108 romans, les 5 finalistes furent :
- La terre qui penche de Carole Martinez
- Les prépondérants de Hédi Kaddour
- Check-Point de Jean-Christophe Ruffin
- 2084, la fin du monde de Boualem Sansal
- Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie

Après un chaleureux discours, Antoine Gallimard à annoncé le nom du lauréat : Hédi Kaddour pour Les Prépondérants. J'avais personnellement voté pour La vie des elfes de Muriel Barbery mais j'étais quasiment certaine que ce serait Boualem Sansal ou Hédi Kaddour qui remporterait ce prix. J'avais prévu de prendre avec moi mon 2084 car mon coeur penchait tout de même un petit peu vers Boualem Sansal, et j'avais dans l'idée qu'il pourrait me le dédicacer, mais je ne l'ai malheureusement pas vu.
Très heureuse toutefois pour Hédi Kaddour dont le roman est encore dans ma "Liste à Lire" !

Ce fut une belle soirée, décontractée et bon-enfant avec toasts et champagne dans les magnifiques locaux de la célèbre maison d'édition. J'ai toutefois trouvé très intimidant de me retrouver au milieu de cette faune littéraire, mais quel plaisir de vivre ce genre de moment et de pouvoir rencontrer de grands écrivains !
Un grand merci à Gallimard pour ce beau moment de partage !

***

Le petit texte qui m'a valu la chance d'être parmi les 100 sélectionnés (on ne réalise pas forcément, mais 300 caractères, espaces compris, c'est vraiment très peu pour exprimer une opinion !) :

Pour moi, La vie des elfes est le meilleur roman Gallimard 2015 car il fut une lecture enchanteresse ! L'écriture en déliés et arabesques est féerique, onirique, poétique et met en scène des mots et tournures de phrases comme échappés d'une vieille légende ou du grimoire oublié d'un château imaginaire où toutes les fantaisies sont possibles !

Quelques photos de la soirée (je me suis permis d'en "piquer" deux à Gallimard) :