Moi, la malouine de
souche, la passionnée de lecture et la non moins férue de littérature dite
"d'aventure et du voyage", voilà de bien nombreuses années, faute à
mon exil alsacien, que je n'ai pu profiter de ce très beau festival littéraire,
sis à Saint-Malo, "ma" Cité Corsaire !
Il se pourrait bien que cette
année, le vent tourne et que je mette les voiles, direction ma chère Bretagne
pour deux-trois jours, et que ce rapide aller-retour tombe, ô joie, durant les
3 jours du festival ! J'espère vraiment que cela va pouvoir se faire, car je me
réjouis déjà d'y voir de nombreux auteurs que j'affectionne particulièrement.
L'affiche du festival, est quant à elle encore une fois magnifique ! Cette
année, elle est signée par le créateur new-yorkais d'origine nigériane Olalekan
JEYIFOUS.
Et puis ce très bel
édito de Michel le Bris, Président du Festival :
Comme une vague grossissant à
toute vitesse, qui menace de tout emporter sur son passage… Nous voici entrés
dans la zone des tempêtes – et la première urgence est moins de savoir de quoi
demain sera fait que de se repérer, déjà, dans la tourmente, de décrypter de
quoi est fait notre aujourd’hui. Le monde qui vient… Nous l’annoncions, nous
avons exploré, année après année, quelques-unes de ses multiples facettes. La
création du festival, en 1990, qui portait en sous-titre : « quand les
écrivains redécouvrent le monde », n’avait pas d’autre objectif. Nous guidait
cette conviction, à rebours des modes littéraires de l’époque, vouées pour
l’essentiel à la contemplation de leur nombril, ou au maintien en état de
survie d’avant-gardes en coma dépassé, qu’il y avait urgence à ce que la
littérature française retrouve, elle aussi, les voies du monde, qu’en chaque
époque de mutation ce sont les artistes, les écrivains qui donnent à sentir, à
voir, à lire l’inconnu du monde qui vient. Futile, la littérature, dans pareil
maelström ? Au cœur de tout. Les sciences humaines, les unes après les autres,
entrent en crise – en tous les cas, s’interrogent sur elles-mêmes. Et toutes –
faut-il s’en étonner ? – retrouvent face à elles la littérature, et sa capacité
à dire l’inconnu du monde. Autrement dit, se trouvent conduites, non seulement
à se remettre en cause, mais à repenser, les puissances de la littérature.
Enfin ! pourrions-nous dire : c’est le combat de notre festival. Ce sera donc
le thème de cette nouvelle édition : « le monde est un roman ». Crises,
convulsions, terribles crispations, vertiges de destruction, prodigieux
enfantement de monstrueuses mégapoles, surgissement de nouvelles générations
d’écrivains et de cinéastes imposant d’autres sons, d’autres rythmes, d’autres
voix : l’Afrique surgit sur la scène du monde, qui entend prendre sa place dans
le siècle qui commence. Et l’Amérique, un roman ? Résolument, pour son
incroyable capacité, depuis toujours, à se fictionner dans l’immédiateté et à
réinventer sans cesse ses mythes fondateurs. Dans ses romans, dans ses films, dans
ses séries TV, plus que jamais, l’Amérique est une légende. L’Afrique qui vient
L’édition d’Étonnants Voyageurs à Brazzaville, en février dernier, en
complicité avec Alain Mabanckou, aura été à bien des égards enthousiasmante.
L’Afrique est entrée en mouvement, dont témoignent spectaculairement de
nouvelles générations d’écrivains et d’artistes, qui mettent à mal nos discours
convenus : nous voulions un événement littéraire donnant à voir et à entendre
cette « Afrique qui vient », en train de prendre sa place dans le monde, qui
entre en dialogue avec le monde, une Afrique rassemblée dans la diversité de
ses expressions : pari tenu, nous semble-t-il. Mais comment ne pas en proposer
le meilleur, au public du festival de Saint-Malo – et que se prolonge, s’approfondisse
le dialogue entre ses acteurs et les écrivains présents, venus du monde entier
? Au programme : zoom sur l’Afrique du Sud, véritable laboratoire d’une Afrique
en devenir, et un focus sur l’extraordinaire effervescence créatrice du
Nigéria. L’Amérique est une légende En regard, cette année, l’Amérique. Où tant
d’écrivains africains vivent aujourd’hui – y compris francophones. L’Amérique
qui nous fascine, à commencer par ceux qui s’acharnent à décréter moribond, ou
évanoui, le « rêve américain », ou dénoncent, chanson connue, son «
impérialisme culturel ». L’Amérique à Saint-Malo, en cette année de réflexion,
car elle pose, nous pose, par sa capacité à fictionner le monde, une question
essentielle sur les puissances de la littérature – et du cinéma. Comment dire
l’Amérique aujourd’hui ? Pléiade d’auteurs venus d’Outre-Atlantique pour en
débattre. Avec David Simon, « l’homme le plus en colère de la télévision » (The
Atlantic Monthly dixit), auteur de la série culte The Wire (Sur écoute), et qui
publie un superbe Baltimore. L’Amérique est une légende : occasion, au passage,
de célébrer la naissance d’Hollywood, il y a tout juste un siècle, avec son
grand historien, Kevin Brownlow, de s’interroger sur la permanence du western
en compagnie de Bertrand Tavernier, de revisiter l’histoire, avec Charles Mann,
et Pekka Hamalainen dont L’empire comanche aura été un de nos coups de cœur, de
revenir sur le rapport de l’Amérique à la frontière, et la notion de « melting
pot ». Étonnants Voyageurs dans l’année mondiale de la littérature Dire le
monde qui vient : nous sommes entrés il y a 2 ans dans une Word Alliance
regroupant les 8 plus grands festivals littéraires du monde – et c’est de la
part de nos partenaires un signe de reconnaissance qui nous va droit au cœur.
Notre projet : la circulation d’auteurs, la mise en réseau d’initiatives. Dont
la première précisément est le lancement de débats à l’échelle du monde sur les
enjeux de la littérature aujourd’hui. Ces « World Writers’ Conferences », ont
été lancées lors du festival d’Edimbourg, en août dernier et se prolongent de
festival en festival. 15 festivals de par le monde s’y sont associés, en sorte
que l’on peut parler d’une « Année mondiale de la littérature ». Et nous nous y
impliquons avec force, en plaçant ces débats à notre tour au cœur de notre
festival. Nous avons commencé à le faire : ces débats, à Brazzaville, en
février dernier, ont été de grande qualité, qui ont pris des allures «d’états
généraux de la littérature africaine». Afrique, Amérique, année mondiale de la
fiction, et puis, bien sûr, tous les rendez-vous habituels : Étonnants
Voyageurs, cette année encore, au cœur du monde qui vient.
Michel LE BRIS
Président d’Étonnants Voyageurs
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