Mers et océans
Quel bel et vibrant hommage que ce récit
de Yann Queffélec. Hommage à son amie Flo, à la "petite fiancée de
l'Atlantique", à cette femme forte, libertaire, baroudeuse, audacieuse,
intrépide et volontaire. De son accident de voiture à 17 ans qui la
cloua deux mois sur un lit d'hôpital à sa tragique disparition dans un
accident d'hélicoptère en 2015, en passant par sa belle victoire à la
Route du Rhum 1990, Yann Queffélec refait le film de la vie de celle qui
fut sa "sœur d'affinités". C'est beau, poétique, on sent toute la
tendresse et l'admiration de l'auteur dans ses mots, on sent la
tristesse d'avoir perdu un être cher, mais il est également appréciable
que la plume devienne également parfois "virile", celle des vieux loups
de mer, des gens de mer, pour raconter ce destin hors du commun.
Ce
récit m'a touchée car j'admirais Florence Arthaud et les pieds de nez
qu'elle faisait à la vie et à la bonne société. Je suivais assidûment
ses courses. Lorsqu'elle a gagné le Rhum en 90 sur Pierre 1er, j'avais
arpenté en long et en large les pontons de Saint-Malo avant le départ
pour admirer les bateaux et essayer d'apercevoir les skippers. Florence,
je l'avais vue, s'activant sur son fier trimaran doré de 18 mètres,
mini-jupe lilas et collants mauves. J'avais 21 ans, l'âge qu'elle avait
il me semble, lors de sa toute première traversée. J'étais forcément très
impressionnée ! Cette année-là fut la bonne malgré la fausse-couche et
l'hémorragie qui la terrassa plusieurs jours durant avant enfin, de
dépasser la Tête à l'anglais, de doubler Basse-Terre, aborder le canal
des Saintes et arriver victorieuse a Pointe-à-Pitre. La petite fiancée
devenue reine de l'océan sur son voilier d'or, la première et seule
femme a avoir remporté cette course.
Quand même, coquin de sort
que de s'écraser dans un hélico en flammes pour un jeu de télé-réalité
quand on est une fille de la mer...