mercredi 18 novembre 2015

La terre qui penche - Carole Martinez



Quelque part dans le Doubs au XIVème siècle... Blanche a perdu sa maman à sa naissance et grandit dans le château de son père avec ses nombreuses demi-soeurs bâtardes. Son méchant père la bat régulièrement pour la punir de débiter tout et n'importe quoi, jusqu'à ces choses inavouables, chaque nuit, lors de son sommeil.
Alors qu'elle n'a que 11 ans, il l'emmène au domaine des Murmures où elle épousera d'ici quelques années, le fils du Seigneur Haute-Pierre. Blanche fait contre fortune bon coeur, n'a pas le choix, est malheureuse, mais contre toute attente, vivra dans ce domaine, les plus belles années de son enfance. Auprès d'Aymon, son futur époux qui semble ne pouvoir ou vouloir quitter son monde enchanté, son monde d'enfant, Eloi le jeune charpentier de cette terre et Bouc le fier destrier qui deviendra sien dans des circonstances étonnantes, Blanche va découvrir la facétieuse, dangereuse ou doucereuse Loue, cette rivière tempétueuse qui coule son lit à travers la région et abrite une étrange fée émeraude. 
Blanche va grandir en arborant un mode de vie qui lui plait tant, celui d'une petite sauvageonne, et petit à petit se prendre d'affection pour ce dadet d'Aymon... Blanche va vivre jusqu'à ses 12 ans, jusqu'au jour où la fée de la Loue va lui révéler la vérité sur son histoire.

Un très joli conte médiéval dans lequel on retrouve le domaine des Murmures et la jolie plume de Carole Martinez qui a un vrai don de conteuse de légende. La construction du roman alterne le point de vue de "La petite fille" et de "La vieille âme" qui ne sont que l'unique Blanche, à travers sa vision d'enfant, et à travers son souvenir de vieille âme qui semble avoir 1000 ans. Une belle histoire fantastique mettant en scène des petites filles fantômes, une prairie en lisière du temps et du monde, des amours châtelaines, une nature vivante qui a droit de vie ou de mort, et des chansons et poèmes médiévaux, un cheval qui a tout d'un humain... Un enchantement...


"Je me penche sur ses lèvres entrouvertes et je lui donne un baiser, mon tout premier baiser de femme. Je sens ses lèvres tièdes contre ma bouche, je goûte leur chair tendre, son souffle entre en moi et le mien en lui, je m'emplis de son parfum des bois. Et la forêt me court soudain dans le corps, agitant ses grands bras."


La terre qui penche - Carole Martinez
Gallimard - 365 pages

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