Franz Ritter, musicologue viennois vient d'apprendre qu'il est atteint d'une maladie dont les médecins ignorent encore l'origine. Ce même jour, il reçoit un article glaçant, envoyé par Sarah du fin fond du monde, Sarah dont il n'a plus de nouvelles depuis si longtemps... Pourquoi cet article ? Et pourquoi cet envoi postal alors qu'un mail aurait été si simple ? Tourmenté par l'annonce de sa maladie et par cette curieuse missive, et à la faveur d'une nuit d'insomnie, Franz va se remémorer ses souvenirs avec Sarah, ce merveilleux périple oriental qu'il a partagé avec elle de Damas à Téhéran d'Alep à Palmyre... Oh oui, ette incroyable nuit à la belle étoile à Palmyre, ces souvenirs d'un Orient et d'une Syrie encore épargnés par les tragédies actuelles... L'occasion également pour Franz de revenir sur sa passion amoureuse à sens unique pour Sarah. L'aube apaisera-t-elle ses tourments ? Sarah répondra-t-elle au mail qu'il lui a adressé au beau milieu de la nuit ? Quelle heure est-il donc du côté de Bornéo ?
Un Goncourt bien mérité pour ce bijou d'érudition. Une lecture très intellectuelle et truffée de références historiques, musicales et littéraires sur ce Grand Orient à l'apogée de son Histoire et de sa beauté et désormais tristement frappé par l'horreur.
Ce n'est pas un roman compliqué comme j'ai pu l'entendre ici ou là, non, c'est un roman riche et beau, de la belle littérature, une histoire passionnante et une écriture châtiée comme je l'aime, un conte des mille et unes nuits qui devient un conte d'une nuit sous la magnifique plume de Mathias Enard.
"Qu'est-ce que j'ai raté pour me retrouver seul dans la nuit éveillé le
cœur battant les muscles tremblants les yeux brûlants [...], quelle
heure est-il au Sarawak, si j'avais osé embrasser Sarah ce matin-là à
Palmyre au lieu de lâchement me retourner tout aurait peut-être été
différent ; parfois un baiser change une vie entière, le destin
s'infléchit, se courbe, fait un détour. [...] Tout est de sa faute, le
vent balaye un homme plus sûrement qu'un typhon."
Boussole - Mathias Enard
Actes Sud - 378 pages
Un beau voyage à faire alors.
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