Je m'intéresse aux sciences aussi ! En bonne littéraire que j'étais, ce n'était pourtant pas du tout ma tasse de thé durant mes études. Une certaine moyenne annuelle de 1,5/20 en physique/chimie m'a d'ailleurs valu au lycée ce commentaire du prof : "dépassée par les événements" ! Mais bon, les années passent et la curiosité oeuvre et, aussi incroyable que cela puisse paraître, je suis aujourd'hui piquée de curiosité pour tout ce qui touche à la mécanique quantique, aux particules et autres bozons de Higgs... Qui l'eut cru !!! Soyez rassurés, je ne comprends pas toujours tout, bien au contraire, mais tout cela me fascine au point d'être tout de même un peu attentive à la chose.
Bref, quand j'ai vu que le Goncourt 2012 pour Le sermon sur la chute de Rome avait écrit une biographie sur le physicien Werner Heisenberg, fondateur de la mécanique quantique, inventeur du principe d'Incertitude et prix Nobel de physique en 1932, je me suis dit qu'entre deux romans, cela pouvait m'intéresser (oui parce que ce genre de livre se lit forcément entre deux romans de détente).
Ce fut effectivement une lecture très intéressante du point de vue narratif, l'auteur s'adressant directement au physicien à travers la voix d'un jeune étudiant pour en conter la vie et l'histoire, mais également sur le fond puisque Heisenberg travailla sur les fondamentaux de ses recherches sur fond de seconde guerre mondiale, période sur laquelle porte la majeure partie du livre. On apprend également qu'il fut en désaccord profond avec Einstein sur la question du Principe et l'on est forcément touché et choqué par le récit des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki ainsi que des essais nucléaires dans le Pacifique. En effet, le développement de l'énergie nucléaire fut le coeur de ses recherches, oui mais le nucléaire pacifique. Ainsi, il ne pensait pas que l'arme atomique serait créée et utilisée pour ce funeste dessein... Touché également par l'évocation de l'Holocauste et par le dilemme du physicien : s'exiler afin que ses recherches ne soient pas récupérées par la propagande nazie ou rester pour faire en sorte de limiter les dégâts ?
Une lecture cependant difficile puisqu'il convient de se concentrer pour suivre l'histoire du célèbre physicien, mais un récit passionnant et une belle écriture. Jérôme Ferrari s'est inspiré de l'autobiographie de Werner Heisenberg, La partie et le tout pour retracer la vie du scientifique sous une plume relativement compréhensible pour les béotiens comme moi !
"Vous aviez vingt-trois ans et c'est là, sur cet îlot désolé où ne pousse aucune fleur, qu'il vous fut donné pour la première fois de regarder par-dessus l'épaule de Dieu. Il n'y eut pas de miracle, bien sûr, ni même, en vérité, rien qui ressemblât de près ou de loin à l'épaule de Dieu, mais pour rendre compte de ce qui s'est passé cette nuit-là, nous n'avons le choix, nul ne le sait mieux que vous, qu'entre une métaphore et le silence. Pour vous, ce fut d'abord le silence, et l'éblouissement d'un vertige plus précieux que le bonheur."
"Vous rappelez-vous ce que croyait Einstein, quand il se laissait aller aux spéculations métaphysiques ? Tout est donné une fois pour toutes, l'univers immense et chacune de nos vies, nos amours minuscules, dans le bloc compact d'une inaccessible éternité que notre esprit parcourt et déroule sous la forme successive d'un flux, comme la pointe d'un diamant suivrait les sillons d'un disque infini."
Le principe - Jérôme Ferrari
Actes Sud - 161 pages
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