Voici une sorte de petit guide touristique peu ordinaire ! Boris Vian nous fait visiter de manière cocasse ce quartier devenu très célèbre par les personnalités qui le fréquentaient et par ces Zazous qui s'amusaient jusqu'au bout de la nuit dans des caves transformées en dancing !
Avant de nous décrire par le menu ces hauts-lieux qui firent la renommée du Saint-Germain-des-Prés entre les années 20 et 50, et de nous dresser alphabétiquement l'inventaire des personnalités hautes en couleur qui apportèrent leur grain de folie à ces lieux, Boris Vian nous décrit d'une manière tout à fait amusante ce célèbre quartier, en l'abordant sous ses angles préhistorique, historique, géographique, démographique et ethnologique ! Tout à fait absurde, mais c'est du Boris Vian !
Ce petit guide donne vraiment envie d'aller faire un peu de tourisme du côté du Flore, des Deux-Magots, du Lipp ou de la Rhumerie martiniquaise et de retrouver la folle ambiance du Tabou.
A la question "au fond, qu'est-ce que c'est que les habitants de Saint-Germain-des-Prés ?", voici ce qu'ont répondu quelques-uns d'entre eux :
- Paul Boubal : des traîne-patins
- Louis Barucq : des Semper-clubistes
- Annet Badel : des Germainophiles
- Anne-Marie Cazalis : des copains
- Claudine Chéret : des extravagantialistes
- Madame Cordonnier : des rongeurs
- Louis-Armand Fèvre : naturels le jour et fort drôles la nuit
- Max Géraud : des décavés
- Juliette Gréco : des gens comme les autres
- Henri Leduc : pas d'habitants, ou plutôt on ne les voit pas
- Claude Luter : des premiers communiants
- Edith la Rodière : des cerveaux
- Gabriel Pomerand : des Pratigerminois ou des c...., au choix
- Romi : la définition dépend de la date à laquelle ils se sont installés dans le quartier
- Tarzan : des dingues
- Pierre Voné : des cloportes nyctalopes
Et pour clore ce sujet, voici un extrait de Prête-moi ta plume, roman-pastiche de Robert Scipion qui fut écrit entre autres cafés au Flore et dans lequel on retrouve cette grandiose description du lieu :
"A Flaure : sur la place municipale de Flaure, une série de petites tables devant lesquelles les Genpolçarthres viennent sagement s'asseoir, et où ils attendent le néant jusqu'au soir. La plupart du temps, il ne vient pas et ils se résignent à "être" avec de longs gémissements existentiels. Pour ne pas offenser les divinités, ils achètent aux prêtres (les Gharçondkafés) pour vingt-six thunes les vingt, des klopes, sortes de petits objets liturgiques minces et blancs destinés à faire de la fumée en l'honneur des divinités.
Quelques-uns les laissent fumer toutes seules après les avoir allumées, mais la plupart, par esprit d'humilité, les pompent avidement avec la bouche pour que la fumée soit plus épaisse. Selon leur rang, la fumée leur sort par la bouche ou par le nez, mais il est plus rare, toutefois qu'elle leur sorte des yeux ou des oreilles. Plus il y a de la fumée et plus les Bhouballes (prêtres de première classe) sont contents."
Et puis tiens, ça m'a donner envie de ré-écouter Boris Vian tout ça !
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