Au début, on se demande sur quelle sorte d'OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) on est tombé ! Olivia Rosenthal nous raconte effectivement, sur le ton de la conversation orale, voire de la badinerie, ce qui se passe dans les 4 volets de la saga Alien ! Mais où veut-elle bien en venir ? Après tout, on a qu'à regarder les films si l'on a envie d'en connaître l'histoire !
Mais au bout du compte, cette cocasserie littéraire est bien plus pertinente et intéressante qu'il n'y paraît : l'auteure, par une analyse précise du comportement du personnage Ripley, et de la bête Alien, fait un étonnement rapprochement avec la figure féminine, la maternité et les liens mère-fille (d'où le titre). En creusant bien, on se rend compte que son analyse n'est pas si farfelue qu'elle n'en a l'air. En gros, et pour résumer brièvement : la femme enfante, n bébé sort de son ventre, comme l'Alien sort du ventre de l'humain qu'elle a colonisé -1er épisode- (oui, je conçois que comparer la maternité à un méchant Alien qui sort du ventre est osé !). La femme protège ses petits, comme l'Alien laissera Ripley récupérer la petite Newt (qui est la représentation de sa propre fille défunte) afin de sauver ses oeufs du lance-flamme -2ème épisode- mais elle est également la mère de l'Alien qui l'a colonisée -épisode 3-, mais on peut également considérer Ripley comme la fille d'Alien -4ème épisode- ... Vous me suivez ? Bon, ceci n'est que ma propre et humble analyse, ai-je bien compris celle de l'auteure ou en ai-je fait ma propre interprétation farfelue ? Est-ce bien le message que souhaitait faire passer Olivia Rosenthal ? Toujours est-il que ce court ouvrage m'a offert un moment lecture très spécial grâce à son originalité littéraire. Surprise dès les premières lignes, j'ai rapidement beaucoup aimé ce style narratif peu commun, où comment on écrit un bouquin comme on raconterait un film à une copine !
Extraits pour vous donner un aperçu de la chose :
"[...] C'est tellement incroyable de contempler cette sorte d'énorme ouverture visqueuse, ils se penchent encore et encore, de plus en plus près, sont attaqués par quelque chose, et ce quelque chose se met sur le visage d'un des membres de l'équipage et lui obstrue entièrement le visage. [...] On ne le fait pas entrer dans le vaisseau-mère avec ce truc horrible qu'il porte sur la figure, cette espèce de crabe ou d'araignée géante ou de poulpe."
"[...] La scène fulgurante où l'homme enfante l'Alien, j'essaye de penser à autre chose, du coup de perds le fil, épisodes 1, 2, 3, 4, Sigourney Weaver, femme-soldat et unique héroïne de la saga, porte en elle le monstre, c'est son tour, si elle ne trouve pas rapidement un remède à son malheur, il va lui arriver la même chose qu'à son ami, celui du premier épisode qui a littéralement explosé, oui, l'homme malade, l'homme épileptique, le fou en état de crise s'ouvre par le milieu, son thorax se fend et en sort la bête, pas la même, pas le crabe-poulpe posé sur son visage mais un autre, avec une petite tête gluante et de grandes dents pointues qui déchire la poitrine du malheureux, se fraye un chemin entre ses viscères et court dans les espaces sinueux du vaisseau-mère..."
"[...] Toujours est-il que Sigourney survivante entre dans l'étui d'hibernation avec le chat survivant pour que le temps de son voyage ne la transforme pas en très vieille femme, pour que la durée ne la tue pas avant son retour sur Terre, pour qu'elle puisse peut-être retrouver d'autres humains à qui raconter son épouvantable histoire, fin de l'épisode 1."
A noter que cette "étude comparative" Femme/Alien ne constitue pas la seule analyse du livre. S'ensuivent, sur le même ton du "racontage", la perception de l'auteure sur Les oiseaux d'Hitchcock, Bambi et Le livre de la jungle de Walt Disney. Tout aussi truculent qu'Alien !
Toutes les femmes sont des Aliens, suivi de Les oiseaux reviennent et Bambi & Co
Collection Minimales/Verticales, Gallimard - 160 pages
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