samedi 21 février 2015

Ainsi soit Benoîte Groult - Catel




Facétieuse Benoîte Groult, pleine de pep's, d'humour et de jovialité qui fut croquée par Catel alors que cette dernière oeuvrait à l'écriture de son roman graphique Olympe de Gouges.
C'est d'ailleurs certainement cette pionnière du féminisme, auteure de la déclaration de la femme et de la citoyenne qui fut guillotinée en 1793, qui donna envie à Catel de retracer la vie de Benoîte Groult en bande dessinée et qui rapprocha les deux femmes.

C'est ainsi qu'entre 2008 et 2013, Catel Muller, auteure de bande dessinée et illustratrice, rencontra régulièrement Benoîte Groult, journaliste, écrivaine et militante féministe afin de retracer sa vie et son oeuvre en bande dessinée, un comble pour Benoîte Groult qui n'aime pas et ne comprend pas ce neuvième art, mais acceptera de jouer le jeu avec l'ouverture d'esprit qui la caractérise. Une profonde et sincère amitié va naître entre les deux femmes au fil de leurs rencontres, et Catel ne se contentera pas de conter et illustrer la vie de cette incroyable femme qu'est Benoîte Groult, elle intégrera également ses morceaux de vie avec elle, ce qui donne à cette bio-graphique une facette authentique.

Ce roman graphique est parfaitement documenté grâce à la sincérité, à la franchise et à la fraîcheur de son personnage principal et on est rapidement emporté par le tourbillon de la vie de cette incroyable femme qui a encore toute sa verve et sa pétulance alors qu'elle avait déjà 90 ans au moment de la réalisation de la BD !

En conclusion, et pour résumer ce superbe album de Catel, Benoîte Groult reviendra entre autres sur le fil de sa vie, son enfance, ses relations avec ses parents, son premier mari décédé puis son mariage avec Georges de Caunes, ses avortements successifs, la naissance de ses filles, ses amours, mais également sur le féminisme, le jeunisme, la vieillesse, la mort, l'euthanasie, l'avortement, la contraception, la liberté de la femme, l'excision, la féminisation des noms de métiers et des qualificatifs, les quotas de femmes au gouvernement, etc... etc... etc... etc..., tout ce qui est encore cruellement d'actualité de nos jours...

Morceaux choisis :

Au sujet de l'euthanasie :
"J'ai refusé de me voir confisquer ma vie de femme, j'aimerais bien refuser aussi celui de me voir confisquer ma mort"

Au sujet de la maternité (s'adressant à sa fille) :
"La maternité, c'est comprendre quelqu'un qui ne vous ressemble pas. Nous nous apportons et nous éduquons réciproquement"

Au sujet de la féminisation des noms :
"C'est toujours dans le domaine du prestige que ça coince pour les femmes parce que dans le domaine de l'injure, on n'a jamais eu du mal à les qualifier d'emmerdeuse !"

Et puis cette anecdote : après des années de lutte pour la féminisation des noms, François Mitterrand la fait "Chevalier de la Légion d'Honneur" en 1982, ce à quoi elle rétorque "et pourquoi pas Chevalière ?"... En 2010, le neveu du Président, Frédéric Mitterrand lui adresse un courrier lui annonçant qu'il "l'adoube" pour le titre de Commandeure de la Légion d'Honneur ! Ce à quoi elle lui répondra : "Merci, cher Frédéric. Ce nom de COMMANDEURE, au fond, vous vous en êtes bien sorti... Mieux que votre oncle qui n'était pas arrivé à dire, il y a 30 ans, "CHEVALIERE" !

Et puis cette triste réalité :
"En 1975, Françoise Giroud réalisait déjà à contrecoeur qu'il faudrait instaurer des quotas pour se faire entendre : La parité ne peut être une revendication intellectuellement satisfaisante. Mais c'est tristement raisonnable. Il faut se résigner aux quotas, tactiquement, pour les femmes". 
Ce à quoi Elisabeth Badinter, refusant ce mal nécessaire et estimant que cette mesure serait nuisible aux plus méritantes, répondra : "Je suis profondément humiliée par l'idée des quotas"



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