Dans l'après-guerre parisien, un petit groupe d'amis et collègues de l'intelligentsia de gauche fête la Libération et reprend le cour de sa vie... Il y a Henri dont le dernier roman rencontre un petit succès et qui travaille sur un nouveau projet tout en dirigeant la rédaction d'un journal, Robert Dubreuilh, également journaliste, sa femme Anne, psychiatre et leur fille Nadine qui se cherche. C'est Robert qui a aidé Henri à monter son journal. Quant à Paule, elle est éperdument amoureuse d'Henri, mais celui-ci se détache d'elle petit à petit et l'incite à entamer une carrière de chanteuse afin qu'elle s'occupe.
Ainsi vit ce petit groupe d'intellectuels, entouré d'autres amis qui ont plus ou moins bien traversé la guerre et s'interrogent sur leur engagement politique à venir.
Mais c'est aussi, et surtout, la politique, l'URSS, les Etats-Unis, le communisme, la ligne éditoriale de leurs journaux et la menace d'une prochaine guerre froide qui animent les hommes. Mais au milieu de toute cette agitation masculine, c'est la vie d'Anne que nous retiendrons, Anne, la narratrice, gentille, toujours prompte à aider autrui mais cherchant un bonheur qu'une série de conférences sur la psychiatrie aux Etats-Unis va enfin lui apporter...
Entre complots politiques et histoires d'amour passionnées, entre déchirures et folie, entre liberté et asservissement, Simone de Beauvoir nous plonge, avec une écriture très littéraire et très belle, dans l'après-guerre tourmenté des intellectuels parisiens.
Forcément... j'aime ! J'aime Simone de Beauvoir, j'aime son écriture, j'aime ses histoires, j'ai donc énormément adoré ces Mandarins mais ait été extrêmement troublée par le 2ème tome mettant en scène la rencontre de la narratrice Anne, avec un écrivain de Chicago, la naissance de leur passion amoureuse, leurs déchirantes séparations et leurs retrouvailles. Troublée car cette passion entre Lewis et Anne rappelle étrangement celle qu'ont vécue Nelson Algren et Simone de Beauvoir dans les mêmes circonstances... L'appartement de Chicago, le voyage au Guatemala, l'été dans la maison au bord du lac... l'amour et les déchirures... Après réflexion, il semble évident que les autres personnages du roman sont également largement inspirés de la vie du Castor (Henri serait-il Camus ? Et Dubreuilh, Sartre ?)... Pourtant, Simone de Beauvoir a bien dit, au sujet de ce Goncourt : "J'aurais souhaité qu'on prenne ce livre pour ce qu'il est ; ni une autobiographie, ni un reportage : une évocation".
"Peut-être n'ai-je plus rien à dire, pensa-t-il ; mais il lui semblait au contraire qu'il n'avait jamais rien dit. Il avait tout à dire, comme tout le monde, en tout temps. Tout, c'est trop. Il se rappelait un vieux rébus déchiffré au fond d'une assiette : "on entre, on crie, et c'est la vie : on crie, on sort, et c'est la mort." Qu'ajouter ? Nous habitons tous la même planète, nous naissons d'un ventre et nous engraisserons des vers ; on a tous la même histoire : pourquoi décider qu'elle est mienne et que c'est à moi de la raconter ?"
Les mandarins tome I et II - Simone de Beauvoir
Folio - 1008 pages
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