mardi 18 août 2015

Toute la lumière que nous ne pouvons voir - Anthony Doerr



La guerre et l'occupation allemande vont pousser Marie-Laure, jeune aveugle parisienne et son père, détenteur de toutes les clés du muséum d'histoire naturelle, à quitter la capitale pour s'installer chez un oncle un peu fou à Saint-Malo. Pendant ce temps, Werner, jeune prodige allemand de transmissions radio est mandaté par la Wehrmacht pour trouver qui, depuis la ville close, parvient à émettre des messages codés à la Résistance alors que tous les postes radio de la ville ont été réquisitionnés. 
Un destin hors du commun va réunir ces deux jeunes gens dans les bombardements de Saint-Malo puis de la libération tardive de la ville en août 1944.

Ce magnifique roman mérite amplement son prix Pulitzer ! Chaque chapitre alterne l'histoire de Marie-Laure et celle de Werner, entremêlant parcours de chacun et flash-backs. Magistralement construit, il nous transporte de Berlin à Saint-Malo en passant par Paris et les secrets du muséum d'histoire naturelle. Non content de nous conter d'une plume superbe les aventures des deux jeunes gens, Anthony Doerr y mêle l'intrigante histoire d'un diamant fabuleux qui a pouvoir de vie ou de mort sur celui qui le détient et qui est  ardemment recherché par les sbires du Fuhrer qui font main basse sur tous les trésors français. Mais où donc se trouve ce précieux diamant appelé L'océan de flammes ?

Un livre sur Saint-Malo, lu à Saint-Malo ! Et surtout, une de mes plus belles (sinon la plus belle) lectures de l'année à ce jour. On a pas envie de lâcher ce livre, et je vous le conseille vraiment !
J'ai particulièrement été touchée par les passages sur Saint-Malo et plus particulièrement sur les bombardements alliés qui ont détruit quasiment toute la ville close qui a ensuite été reconstruite à l'identique grâce à la prouesse et à l'abnégation des malouins qui, pierre par pierre, ont réussi à faire renaître la Cité Corsaire. Forcément touchée puisque je suis malouine !

Toute la lumière que nous ne pouvons voir - Anthony Doerr
Albin Michel - 610 pages






Deux extraits qui m'ont touchée :

"Marie-Laure devrait sans doute être plus curieuse -au sujet de son grand-oncle qui voit des choses qui n'existent pas, au sujet du destin et tout le reste- mais elle est repue, son sang s'écoule à présent comme un flux doré dans ses artères et par la fenêtre ouverte, au-delà des remparts, les vagues se fracassent ; entre elle et l'océan, il n'y a plus que quelques pierres empilées, la bordure de la Bretagne, le balcon de la France et peut-être que les allemands sont en train d'avancer aussi inexorablement qu'une coulée de lave, mais Marie-Laure glisse dans un genre de rêve, ou bien est-ce le souvenir d'un rêve : elle a sept ans ou huit ans, est aveugle depuis peu, et son père s'est installé près de son lit, sculptant une toute petite pièce de bois en fumant, et la nuit descend sur les cent mille toits et cheminées de Paris, et tous les murs qui l'entourent s'effacent, les plafonds aussi, la ville entière part en fumée, et enfin le sommeil tombe sur elle comme une ombre."

"On est très loin de comprendre ce que c'est d'être aveugle, quand on ferme les yeux. Sous notre monde des cieux, des visages et des édifices, il en existe un autre, plus brut et plus ancestral, un espace où les surfaces planes se désintègrent et où les sons forment une multitude de rubans dans les airs. De son perchoir, Marie-Laure peut entendre des nénuphars remuer dans des marais, à trois kilomètres de distance. Des américains se faufiler à travers des champs, pointer leurs énormes canons sur la fumée de Saint-Malo. Des familles renifler autour de lampes-tempête dans des caves, des corbeaux sautiller de décombres en décombres, des mouches se poser sur des cadavres dans des fossés. Elle entend frémir des tamarins, des geais piailler dans les herbes dunaires ; elle sent le gros poing de granit, profondément enfoncé dans la croûte terrestre sur lequel Saint-Malo est posé, et l'océan l'entourer de toutes parts, et les îlots résister à l'assaut des marées. Elle entend des vaches s'abreuver à des auges en pierre et des dauphins jaillir des eaux vertes de la Manche ; elle entend remuer les os des baleines mortes au fond de la mer, leur moelle offrant un siècle de nourriture aux créatures qui vivent sans jamais voir la lumière du jour. Elle entend les escargots de mer se traîner dans les grottes."

1 commentaire:

  1. C'est un livre que j'ai bien envie de lire ! Je ne connais pas du tout St-Malo mais j'espère quand même qu'il me plaira.

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